L’Hôtel de Crillon, un joyau parisien

L’escalier d’honneur XVIIIe, une banquette « Vanishing Point III » du designer Sebastian Brajkovic
Texte: Serge Gleizes

On en ressort rempli, heureux, ébloui. Avec cette délicieuse impression d’avoir été privilégié, choyé. Car il n’y a pas eu de plus belle rénovation à Paris depuis belle lurette. D’autant plus que cette dernière a été confiée à trois stars de l’architecture intérieure d’aujourd’hui : Tristan Auer, Chahan Minassian, Cyril Vergniol, sans oublier l’agence Culture in Architecture et enfin Karl Lagerfeld qui a dessiné deux suites toutes simples… dominant la Concorde. Le résultat est exceptionnel et se ressent dès l’accueil, dans l’extrême courtoisie et disponibilité du personnel, presque une rareté aujourd’hui. Tout cela grâce à Aline Asmar d’Amman, la directrice artistique du chantier, qui a orchestré cette délicate réhabilitation d’une pate savante. 

 

La Suite Duc-de-Crillon et son salon meublé avec du mobilier créé sur mesure et des antiquités et des oeuvres d’art

Exit l’habituel comptoir de check- in check-out posé dans un coin du lobby. Ici l’accueil se déroule dans le boudoir, l’ancienne boutique du palace, aux boiseries classées rehaussées de panneaux muraux en cuir de Cordoue. Dans le bar Les Ambassadeurs décoré de bronze et de velours pastel par Chahan Minassian (le lustre est une splendeur) mais également dans le Jardin d’Hiver, les salons en enfilade éclairés et décorés de mobilier XVIIIe savamment réactualisés, le temps paraît suspendu, la ville lointaine, la vie dorée. Quatre ans de rénovation pour refaire de ce lieu historique construit en 1758 pour Louis XV par l’architecte français Ange-Jacques Gabriel, un hôtel très particulier et surtout très parisien. Résultat, cent vingt quatre chambres, (merveilleuse suite Marie-Antoinette aux tonalités écrues avec sa terrasse intérieure. Elle y aurait dormi parait-il, dans un autre décor, soit ! Peut-être une légende, mais est-ce vraiment un péché mortel si cette dernière est fausse ?). 

Trois salons historiques, désormais un spa qui propose une avalanche de papouilles, forcément iréniques, avec la gamme Sense A Rosewood Spa ; une piscine, toute nouvelle également ; un salon de coiffure dirigé par David Lucas ; un salon cireur Devoirdecourt créé par Jérémy Estelrich et Alain Estrade, relooké par Tristan Auer. Et enfin un coin barbier confié à La Barbière de Paris, histoire d’arborer barbe bien taillée et soulier bien ciré, voire glacé au cognac. Côté gastronomie, l’excellence ! Mais bon, dans un lieu d’une telle notoriété, c’est presque un pléonasme. Christopher Hache aux manettes de L’Ecrin, le restaurant gastronomique ; Justin Schmitt à celles de la Brasserie d’Aumont ; le pâtissier Jérôme Chaucesse au Jardin d’Hiver.

Brasserie d’Aumont typiquement parisienne réalisé par Tristan Auer

Mais le grand secret de cette rénovation réside dans un florilège d’artisanats d’art qui ont participé à ce spectaculaire embellissement. Cent quarante sept métiers d’art, deux cent cinquante sous-traitants : Atelier Rémy Garnier pour les bronzes, les serrures et les crémones ; Maison Lucien Gau et Mathieu Lustrerie pour les luminaires ; Ateliers Gohard pour la restauration des   boiseries du salon des Aigles ; Chevalier Conservation pour la tapisserie du salon Marie-Antoinette ; Marbreries de la Seine et ateliers ILDEI pour les quarante marbres et les six cents autres matières. 17600 écailles et mosaïques (une bagatelle) recouvrent le sol de la piscine tandis que le mur est décoré d’un panneau en céramique de l’artiste américain Peter Lane.      

La piscine et son salon réalisé par Chahan Minassian, le mur orné d’une oeuvre murale du céramiste Peter Lane
L’art de sublimer le cuir au salon du cireur par DevoirDecourt

Autre réussite du lieu et qui est souvent l’élément faible de tout palace, la garde-robe du personnel. Elle est ici signée Hugo Matha, jeune prodige de la mode qui a dessiné 90 modèles de vestes, tailleurs et costumes aux coupes (enfin) irréprochables, taillés dans des tissus chicissimes, accessoirisés de gants Cos, ceintures Guibert, de slippers, de petits foulards en soie en guise de nœud papillon… Une garde-robe dans laquelle on rêve de piquer deux ou trois tenues avant de monter dans la DS fifties customisée par Tristan Auer, la voiture VIP de l’Hôtel de Crillon. Trop chic…

Hôtel de Crillon, A Rosewood Hôtel : 10 place de la Concorde, 75008 paris ; tél : 01 44 71 15 01

Hôtesse Jardin d’Hiver Hotel de Crillon, habillée par Hugo Matha

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