Charles Kalpakian; le trait juste

Charles Kalpakian est un homme des temps modernes. Multiculturel entre origines libanaise et la France où il vit depuis son jeune âge, imprégné de culture Street Art, il réinterprète aussi bien les motifs iconiques libanais que ceux issus de l’histoire des arts décoratifs. Certaines de ses pièces de mobilier, dont la collection « Cinétisme », hypnotisent ses interlocuteurs. Pour « loeilde », le designer dévoile les dessous de ses dessins en 10 questions.

Que représente le dessin dans votre travail ?

C’est l’âme d’un projet et le miroir qui reflète les premières ébauches. Le dessin me guide, me rassure et permet rapidement de voir si je vais dans la bonne direction lorsque je travaille sur un prototype. Il est la mémoire des réalisations car une fois le projet abouti, la pièce que vous avez conçue ne vous appartient plus.

D’ou vient cette passion ?

De l’enfance. Mon père avait au Liban une agence de publicité. A l’âge de 7 sept ans, le week end, je l’accompagnais à son bureau et je dessinais avec ses feutres Stabilo que je ne ménageais pas !. Ce souvenir est un peu ma « une madeleine de Proust ».

Que dévoile votre trait ?

Le trait est net et précis. Il est le fil conducteur et la colonne vertébrale d’un projet ; l’abstraction de l’objet qui laissera en transparaitre l’âme.

Charles Kalpakian
Photos Vincent Thibert

Quelle joie procure de dessiner ?

C’est une forme de générosité, un exercice solitaire mais qu’une fois le croquis achevé on partage avec l’éditeur, le galeriste…cela crée un dialogue, des échanges, une réflexion.

Un dessin demande t’il une réflexion ?

Le dessin reste abstrait, je m’en détache volontairement pendant quelques temps, puis j’en redécouvre les éléments fondamentaux qui n’avaient pas attiré mon attention : un détail, un petit truc qui sera le déclic pour mettre en route la pièce de design.

charles kalpakian
Photos Vincent Thibert

Et la couleur ?

Je suis sensible aux couleurs. Côté vestimentaire, je suis attiré vers le bleu marine, le bordeaux et les tons de terre. Je savoure aussi des yeux la cuisine orientale de ma mère haute en couleurs. Les expositions, les tableaux et surtout les livres d’art, comme ceux sur Sonia Delaunay, Gustav Klimt sont des sources d’inspirations qui nourrissent mon travail. Je n’ai pas peur de mêler les couleurs, c’est un exercice de style intéressant, comme je l’ai fait pour le fauteuil « Moon » » édité à la Galerie BSL.

Quelle est votre couleur préférée ?

C’est le bleu quand il est dense, ce rapport à la mer et au ciel ; pour moi il symbolise le voyage. Le Grand Bleu est d’ailleurs l’un de mes films préférés.

Tabouret Dot pour Christophe Delcourt édition
Tabouret Dot pour Christophe Delcourt édition

Le dessin est-il un refuge, une thérapie ? 

Les deux, c’est un nouveau voyage et un moment de liberté. On est face au papier, on a un rendez-vous avec la feuille blanche. C’est une sensation que j’ai retrouvée récemment quand mon épouse m’a incité à redessiner, une activité que j’avais délaissée ces dernières années par manque de temps.

Et vos outils de travail ?

J’utilise des crayons, des feuilles de papier à grains, basique, recyclé et des carnets de croquis ; il y en a toujours un sur ma table de chevet. Me rendre dans une boutique et toucher le papier est chaque fois un plaisir. Mon rapport au dessin est aussi important que le rapport à la matière.

charles kalpakian
Photos Vincent Thibert

Vos influences, votre imaginaire ?

Le cinéma, Metropolis, Blad Runner, la villa Malaparte, des metteurs en scène comme Frederico Fellini. La culture française et l’art font partie de ma vie, Le Bauhaus, Pierre Cardin, Serge Mouille, Mathieu Matégot, Pablo Picasso, Paul Klee, Malevitch… Un équilibre parfait entre géométries, volumes et couleurs. J’adore les voitures, anciennes et récentes ; j’ai gardé un livre de mon père sur le design automobile des années 20 et 30, les lignes sont justes parfaites. J’ai d’ailleurs pensé le fauteuil « Moon » comme une carrosserie de voiture à la forme bombée et généreuse.

Son parcours : Charles Kalpakian est né au Liban en 1982 à Beyrouth, il a débuté sa vie professionnelle en agence de design auprès d’Ora Ito avant de travailler chez Christophe Pillet. Designer indépendant depuis 2011, il collabore avec de nombreuses marques, comme La Chance, Haymann Editions, DCW, Habitat, Maison d’édition, Galerie BSL. De nouveaux projets verront le jour en 2017.

charles kalpakian
charles kalpakian, photos Vincent Thibert

Ses adresses :

-Carnet de notes « mlle jane doe » : https://www.instagram.com/studio_mllejanedoe/

– Carnet de dessin : http://www.muji.fr/

– Crayons, feutres : http://delfonics.fr/

Rangement mural pour Habitat
Rangement mural pour Habitat. Photos Vincent Thibert

 

 

 

 

 

 

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